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Petit lexique des maladies mentales

Nicolas Tourneur

Revue : Le Quotidien du Pharmacien

Le registre des maladies mentales est étendu. Leur symptomatologie est d?autant plus complexe que plusieurs désordres coexistent fréquemment et que les signes cliniques évoluent dans le temps. Globalement, il importe de distinguer principalement les psychoses, les troubles de l?humeur et les troubles anxieux. Les troubles du sommeil ne constituent pas à proprement parler des maladies mentales, même s?ils surviennent souvent au cours de leur évolution.

? Les troubles psychotiques


Il faut bien distinguer psychoses, troubles de l?humeur et troubles anxieux (Photo Phanie)On note, comme dénominateur commun à l?ensemble des troubles psychotiques, leur capacité à perturber de façon diffuse ou partielle l?expérience de la réalité (hallucinations, paranoïa), à altérer le sentiment de l?identité de l?individu, et cinq points fondamentaux :

? la gravité des manifestations cliniques, constituant souvent un handicap ;

? l?absence de conscience du caractère pathologique des troubles : le sujet psychotique adhère à son délire ou à ses hallucinations ;

? le caractère « étrange » des troubles décrits : il est impossible d?en donner une explication logique ;

? l?impossibilité ou la difficulté de communiquer avec le patient, qui, fuyant souvent les contacts, peut s?enfermer dans son silence ;

? une rupture totale avec la réalité extérieure.

Le clinicien distingue des psychoses aiguës (bouffée délirante, par exemple, parfois induite par la prise de substances psycho- actives, syndrome confusionnel, etc.) et des psychoses chroni- ques , au nombre desquelles la schizophrénie.

? La schizophrénie

Cette maladie se caractérise par l?association de modifications de la pensée et des perceptions sensorielles, ainsi que par des affects émoussés et inappropriés. C?est le syndrome dissociatif, constant, qui distingue la schizophrénie des autres types de psychose. Englobant toutes les dimensions de la vie psychique (intellectuelle, affective, comportementale), il se traduit par la rupture des processus unissant le psychisme de l?individu. Les affects, les pensées et les comportements ne sont plus corrélés et harmonisés (discordance), avec manque de concordance entre le ton, la pensée, la cognition et l?exécution (allogie), ambivalence des affects, bizarreries du comportement, impénétrabilité et détachement du réel. S?y associent de façon fluctuante des idées délirantes, des hallucinations sensorielles, des signes de dépression et des troubles cognitifs importants.

? Les troubles de l?humeur

Les troubles de l?humeur (ou dysthymies) correspondent à la perte plus ou moins momentanée, pour un individu, du contrôle de ses affects. Les variations de l?humeur, dans leur qualité et leur intensité, vont de la dépression la plus profonde à l?accès d?excitation maniaque, en passant par tous les états intermédiaires et mixtes.

? La dépression

L?humeur dépressive fédère un ensemble de perturbations affectives imprégnant de façon inégale et variable le patient et retentissant de façon majeure sur ses activités et sa vie relationnelle. Un diagnostic d?épisode dépressif est porté dès que sont réunis cinq symptômes :

? Une humeur dépressive. Le patient vit son existence douloureusement, avec tristesse, voire mélancolie, insatisfaction, pessimisme. Il se déprécie, perd l?estime de lui-même. De plus, il ne manifeste plus la capacité à éprouver du plaisir (anhédonie).

? Un ralentissement psychomoteur. L?économie gestuelle, la pauvreté des expressions, l?asthénie physique comme psychique du patient sont caractéristiques, du moins dans les formes où le sujet est effectivement ralenti.

? L?anxiété. Elle n?est pas par elle-même caractéristique de la dépression, mais, inversement, elle accompagne toujours un état dépressif.

? Des troubles somatiques. Variables selon le terrain, ils sont constants chez tout sujet déprimé mais de sévérité inégale : troubles du sommeil (insomnie de fin de nuit ou succession d?éveils nocturnes prolongés), troubles somatiques (céphalées, douleurs dorsales, crampes, etc.), troubles neuromusculaires (tremblements, paresthésies, etc.), diminution de la libido ou hypersexualité compulsive, dysérection et dyséjaculation chez l?homme, anorgasmie chez la femme.

? Des intentions suicidaires inconstamment exprimées, mais constituant un signe d?appel majeur.

Ces symptômes peuvent toutefois présenter une gravité variable. S?ils sont tous réunis, l?épisode dépressif est dit « majeur » (caractérisé), mais, néanmoins, sa sévérité est variable.

? L?épisode maniaque

Il se caractérise par un état d?élation euphorique persistante de l?humeur, d?hyperexcitation accompagnée d?une exaltation affective et d?irritabilité. L?agitation du patient augmente rapidement : il dort de moins en moins, multiplie ses activités, échafaude des projets d?envergure, se sent capable de tout réussir, voit ses désirs sexuels augmentés, se lance dans des achats inconsidérés et inutiles, parle et/ou écrit beaucoup, et manifeste une familiarité déplacée. Il paraît infatigable. Cependant, la versatilité de son humeur, la fuite des idées et sa distractibilité frappent. Il est fréquent que des incidents surviennent : tapage nocturne, outrage à la pudeur, scandales divers. Plus de la moitié des patients présentent des idées délirantes et de 20 à 25 % d?entre eux des hallucinations (auditives, notamment). Ces signes d?allure psychotique sont parfois diagnostiqués comme des bouffées délirantes, à tort, car ces patients ne sont pas psychotiques.

? Le spectre bipolaire

Les troubles affectifs bipolaires sont scindés en plusieurs enti- tés distinctes. Le modèle clinique typique demeure le trouble bipolaire I (BP I, anciennement « psychose maniacodépressive »), où se succèdent des épisodes dépressifs et maniaques hautement symptomatologiques. D?autres types de troubles, dont la symptomatologie maniaque est plus fruste, sont autonomisés.

? Les troubles anxieux

Emotion éprouvée de façon banale, l?anxiété associe un sentiment de crainte, de mise en alerte et s?associe fréquemment à des symptômes neurovégétatifs : tension musculaire, tremblements, sensation de « fourmillement » dans les extrémités, douleurs abdominales, nausées, troubles du transit intestinal, sueurs, bouffées de chaleur, sensation d?intense oppression thoracique, dyspnée, palpitations cardiaques, tachycardie, sensation de la présence d?une « boule » dans la gorge, vertiges, polyurie, pollakiurie, etc. L?anxiété est, à l?état normal, un signal d?alarme destiné à permettre à l?individu de se préparer face à une menace extérieure identifiée.

Parfois, la réaction anxieuse dépasse son objectif et s?inscrit dans une inadaptation par rapport à la situation, la rendant pathologique. Le comportement du sujet devient désordonné et incontrôlé, alors que, parallèlement, les signes neurovégétatifs prennent une ampleur considérable, pouvant faire suspecter une maladie somatique.

? La crise d?angoisse ou attaque de panique

Il s?agit d?un épisode délimité dans le temps, survenant brutalement, atteignant son acmé en quelques minutes pour se résoudre en une demi-heure à une heure. La crise associe hyperactivité neurovégétative, troubles respiratoires et gastro-intestinaux, sensation d?étourdissement, déréalisation, peur de devenir fou ou de mourir.

? Le trouble panique (TP)

Il s?agit d?attaques de panique récurrentes, spontanées, survenant en dehors de tout contexte de danger ou d?effort physique, associées souvent à de l?agoraphobie. Le TP se caractérise par des symptômes neurologiques (céphalées, vertiges, syncopes et pseudo-crises comitiales, paresthésies), neurovégétatifs, essentiellement gastro-intestinaux (douleur épigastrique et abdominale, nausées et vomissements, diarrhées) et/ou cardio-vasculaires (tachycardie, douleurs thoraciques).

Il survient surtout chez des femmes de 15 à 25 ans, sur fond de détresse (séparation récente, décès d?un proche, maladie), en association fréquente à une maladie organique (ulcère gastroduodénal, hypertension, affection coronarienne, etc.).

? Le trouble obsessionnel compulsif (TOC)

Il associe une obsession à une ou des compulsions (voir aussi notre article en page 11) :

? obsession : idée absurde ou déplacée faisant brutalement irruption dans le cours de la pensée, engendrant une crainte, un doute, un besoin d?ordre. Cette idéation est incessante, sournoise, douloureuse car le sujet déploie des efforts épuisants pour s?en débarrasser en vain ;

? compulsions : actes délibérés visant à neutraliser les obsessions, qui, rapidement, envahissent le quotidien : par exemple, rituels de vérification, de conjuration : folie du toucher et rituels de lavage, folie du doute et rituels de vérification, folie du scrupule et rumination, manies de contrôler ou d?amasser.

? Le trouble anxieux généralisé (TAG)

Dans ce cas, les manifestations anxieuses persistent depuis au moins six mois, avec sensation de tension interne, d?inquiétude permanente, d?appréhension sans objet précis. Elles associent au moins quatre des symptômes décrits dans l?attaque de panique. La symptomatologie est dominée par la fatigue, l?irritabilité, le manque de concentration, les insomnies, les myalgies, les palpitations, les tremblements, une hypersudation, des vertiges et des frissons.

? Les phobies

Les phobies sont centrées sur une situation ou un objet : peur de certains animaux, de la hauteur, des espaces clos, d?être blessé, de l?orage, des voitures ou de l?avion, etc. Il peut également s?agir de peurs plus générales (phobies « sociales ») : crainte d?être humilié dans des situations exposées, peur de prendre la parole ou de manger en public, d?être ridicule, de ne pas « être à la hauteur » (anxiété de performance). Le sujet phobique vit souvent dans l?anxiété de se trouver dans une situation suscitant une réaction phobique (anxiété anticipatoire), même s?il reste conscient du caractère irrationnel de sa crainte.

? Le syndrome psychotraumatique

Un événement survenant brutalement et sur lequel aucun contrôle n?est possible dans l?urgence de la situation peut entraîner un traumatisme psychique. Les symptômes apparaissent dans les heures ou les jours suivant l?expérience : angoisse intense, manifestations neurovégétatives, expériences de dépersonnalisation ou de déréalisation, prostration, sidération émotionnelle, ou, au contraire, excitation psychomotrice. La crise persiste de quelques jours à quelques semaines, période pendant laquelle la situation est constamment revécue en pensées, rêves ou illusions.

Le diagnostic de stress posttraumatique ne peut être posé qu?après exposition à un événement traumatisant pour tout in- dividu : catastrophe naturelle, guerre, agression violente, accident grave. Il se pose face à la pérennisation de signes évocateurs d?une pathologie post-traumatique : syndrome de répétition (rêves nocturnes ou flash-back éveillés, avec sentiment de colère face à son impuissance, parfois sentiment de culpabilité), insomnies, crise d?angoisse, rumination mentale, hypervigilance, hyperactivité, évitement des situations susceptibles de favoriser la remémoration du traumatisme, émoussement affectif, voire repli sur soi et dépendance plus ou moins importante vis-à-vis de l?entourage, avec revendications de réparation ou de réhabilitation. Des comportements inverses sont parfois décrits, avec intérêt morbide pour tout ce qui rappelle l?événement.

publications scientifiques

 

Le Quotidien du Pharmacien du : 29/01/2007

 

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