| |
Humeurs sur ordonnance - M. Benoît C., 26 ans
Revue : Le Quotidien du Pharmacien
Le contexte
M. Benoît C., patient atteint de troubles « schizoaffectifs » sévères et suivi par un psychiatre hospitalier depuis six ans, vit chez ses parents, sans activité professionnelle. Ce patient vient lui-même à l'officine chercher les médicaments prescrits, toujours très inquiet, voire suspicieux, à l'égard du médecin comme du pharmacien.
L'aripiprazole (Abilify, comprimés orodispersibles), un antipsychotique atypique, exerce une activité agoniste partielle sur les récepteurs dopaminergiques D2 et sérotoninergiques 5-HT1a, et antagoniste sur le récepteur sérotoninergique 5-HT2. Son activité clinique puissante s'accompagne d'une bonne tolérance métabolique, puisqu'il n'induit que peu ou pas de prise de poids, du moins aux posologies usuelles. La présentation sous forme de lyoc facilite la prise du médicament et améliore probablement l'observance.
Le trihexyphénidyle (Parkinane), un antiparkinsonien anticholinergique, est prescrit pour corriger les troubles neurologiques iatrogènes induits par le traitement antipsychotique. La posologie de ce traitement a été réduite depuis l'introduction de l'aripiprazole : M. C. en utilisait de 10 à 12 mg/j antérieurement, lorsqu'il était traité par l'halopéridol. Néanmoins, il y aurait lieu de constater la réalité des effets indésirables neurologiques avant de prescrire un correcteur.
Salive artificielle, l'Aequasyal se pulvérise quatre fois par jour à l'intérieur de chaque joue. Ce traitement bénéficie d'une bonne tolérance et évite généralement de devoir recourir, face à une sécheresse buccale, à la prescription de Sulfarlem.
Vasoconstricteur, l'heptaminol (Hept-A-Myl) est destiné à traiter l'hypotension orthostatique iatrogène ; son administration devrait être discutée dans la mesure où ce trouble, souvent transitoire, relève de précautions simples (éviter les changements posturaux brusques, dormir en surélevant légèrement les pieds, veiller à ne pas être déshydraté, etc.) et ou, de plus, il ne s'observe que rarement avec les antipsychotiques les plus récents. La carbamazépine (Tégrétol) est un anticonvulsivant, mais aussi un thymorégulateur puissant. C'est dans ce contexte que le médecin l'a prescrite à M. C. Il s'agit d'un puissant inducteur enzymatique et les mentions légales rappellent que la dose d'aripiprazole associée à la carbamazépine doit être doublée : il n'y a donc pas d'erreur dans le schéma posologique de l'ordonnance.
Votre conseil
Un patient schizophrène est toujours psychorigide : le moindre détail peut devenir source d'anxiété, dans la mesure où ses capacités cognitives sont amoindries. En particulier, il faut lui expliquer avec simplicité mais logique l'ensemble de son traitement, et ne pas hésiter à rédiger avec lui un semainier. Le soin apporté à cette information contribue à renforcer l'alliance thérapeutique et à améliorer une observance conditionnant pour partie la réussite du traitement et la réduction des séjours hospitaliers. Rappelez au passage la posologie d'Aequasyal.
Docteur Jean Némard
Médecine générale
12, rue de la Sécu
92500 Argent-sur-Seine
Tél. : 01 40 12 34 56
M. Benoît C., 26 ans
ABILIFY orodispersible
15 mg matin et soir
PARKINANE
6 mg au coucher
AEQUASYAL
4 flacons
HEPT-A-MYL
1 comprimé par repas
TÉGRÉTOL
1 comprimé par repas
Traitement pour deux mois
Le Quotidien du Pharmacien du : 29/01/2007
|
|
